Né en 1954, Vit et travaille à Lille
Mathématicien, photographe, artiste bien sûr mais pour ses amis, qui lui ont donné le nom de Perlinpinpin, Perlin est un magicien.
Le travail de Perlinpinpin est ancré dans une perception, une représentation du temps qui est avant tout le temps d’une vie, une vie faite de souvenirs, de moments uniques, d’oublis. Dans ce travail de mémoire, acte de résistance face au passage irréversible des jours, Perlin tente d’enrayer le temps en recréant sa longueur, son rythme. Si les jours sont profondément inégaux, certains marquant à jamais une vie, la plupart sont négligeables dans leur répétition. C’est à cette multitude de jours qu’il redonne vie en les transformant en œuvres d’une beauté captivante ou en les transposant minutieusement dans des carnets où tout est noté. Travail rigoureux et lyrique, calculé avec la précision d’un mathématicien et l’intranquillité d’un poète.
Dans l’œuvre « Le temps n°2 » sur la lecture d’un passage du roman de Proust, l’artiste représente l’acte de lire comme une trame qui se tisse peu à peu et sur laquelle vient se greffer un acte de mémoire où reviennent les moments marquants de sa propre vie. Ce travail hautement conceptuel qui fige le passé dans le présent, réussit à mettre en image cette faculté de conscience qui nous permet d’arrêter le temps. En immobilisant le temps Perlinpinpin crée une trace d’éternité que notre contemplation de l’œuvre, continuera à maintenir en vie, à l’infini.
Perlin dit que les collectionneurs de son travail sont les gardiens de sa vie. Au cœur de cette phrase se trouve une explication possible du pouvoir de fascination qui émane du travail de Perlinpinpin. Cet envoûtement, ce sentiment de nostalgie mêlée de joie que l’on ressent, vient d’une compréhension intuitive de sa recherche artistique. En immobilisant le fil de sa vie il nous permet de nous imaginer enfilant le manteau de magicien et devenant les gardiens de nos propres vies car ce même travail de mémoire, cette trame et ce tissage des jours nous fait comprendre que toutes nos vies trouvent un écho dans le passage d’une seule vie.
J L-W 2017