Le sculpteur Etienne Viard a bien voulu accueillir un groupe de la MAC'A, dans son atelier, à Venasque, un dimanche après-midi, pour nous parler de son travail. Nous avions déjà pu avoir une visite guidée de son exposition "Acier", organisée par le Conseil Général de Vaucluse, dans la cour de la Chapelle Saint-Charles - l'article ici.
Lorsque les plaques ou les barres arrivent à l'atelier, l'acier est noir, couvert de scories. Elles sont découpées puis travaillées à chaud, sur la forge ou au chalumeau, pour prendre les formes imaginées par l'artiste et concrétisées dans une maquette. La forme est déterminée par l'urgence du geste, dans un métal malléable, peu importent les défauts à ce stade.
Etienne Viard derrière une sculpture après sablage et avant qu'elle ne rouille : elle a une couleur grise dure et sans âme. Le sablage débarrasse l'acier de ses scories et lisse la surface qui ne doit présenter aucun défaut, les arrêtes vives viendront couper la lumière.
Les sculptures sont de petite taille, de taille moyenne - comme celles qui ont été exposées à la chapelle Saint Charles, plus rarement de très grande taille. La taille peut être déterminée par la nécessité de cacher les points d'ancrage, les soudures.
Les formes sont inspirées de la nature, des sensations qu'elles inspirent à l'artiste lors de ses marches. La sculpture semble ondoyer dans l'eau ou s'envoler dans les airs, se détacher du sol où elle repose sans lourdeur. Elle peut sembler aussi au bord de la chute, et pourtant l'équilibre est toujours stable, avec ou sans socle.
Les sculptures destinées à l'intérieur gardent la couleur noire du métal.
Une sculpture présentée dans la galerie de l'artiste, un peu plus haut dans le village. Ici on voit bien l'opposition entre le noir d'une sculpture intérieure et la chaleur de la rouille d'une sculpture d'extérieur.
Etienne Viard est tombé amoureux du métal, et malgré la réticence du corten, il n'a de cesse de le tordre, le courber, le plier pour créer ces formes aériennes, ondulantes, et qui semblent si légères. Quitte à en arriver à haïr ce matériau hostile, seule compte pour l'artiste la forme recherchée, pure de tout effet décoratif, qui puisse faire oublier la raideur initiale de l'acier.
Le site de l'artiste : http://www.etienneviard.com/