Nous ne pouvions pas quitter le musée sans respecter le souhait de Soulages d’exposition temporaire et nous avons vraiment beaucoup apprécié la rétrospective de Jésus-Rafael Soto (1923-2005), maître vénézuélien de l’art cinétique. Les œuvres colorées, aux effets optiques de cet artiste étaient très stimulantes, parfois troublantes et d’autres œuvres étaient ludiques car mouvantes et pénétrables !
Notre marathon s’est poursuivi avec la visite de l’imposante cathédrale gothique de Rodez, en grès rose, dont le chromatisme n’est pas sans rappeler l’acier Corten. Yolande nous a commenté les curieux vitraux contemporains de Stéphane Belzère placés en 2006, ils sont inspirés de l’imagerie médicale pour symboliser la vie, la pensée divine, le sacrifice du Christ en relation avec le réseau sanguin…
Notre tour de ville s’acheva au musée Fenaille qui présente une collection unique de statues menhirs, la plus importante de France. Là encore, nous suivons le fil « noir » de Pierre Soulages qui, adolescent, a participé à des fouilles archéologiques dans la région et a reçu le « choc » de ces stèles gravées préhistoriques dont la frontalité rappelle certaines eaux-fortes et brous de noix. Soulages a dit qu’en peignant, il avait présent à la pensée « ces moments d’origines ». Les correspondances entre le « minimalisme » préhistorique et contemporain interpellent. Par ailleurs, le cadre de ce musée est plein de charme puisqu’il réunit plusieurs corps de bâtiments, du Moyen- âge à la Renaissance
Après une nuit réparatrice à Rodez suite à toutes ces émotions esthétiques…, nous sommes naturellement allés à Conques, à 30 kms de la cité ruthénoise, pour voir les originaux des vitraux de Soulages dans l’abbaye Sainte-Foy construite au 12e siècle. Yolande nous a fait une présentation très pédagogique du tympan magnifique et miraculeusement intact qui représente le jugement dernier avec plus de 100 personnages dont un, malicieux, qui contemple cette sainte scène de l’extérieur et que l’on nomme « le curieux ». Le beau dimanche ensoleillé et la moindre affluence touristique en cette saison, ont été propices à une découverte lumineuse et authentique du lieu, photographié sous tous les angles ! Les vitraux de Soulages sont en parfait accord avec le style roman de l’abbatiale : sobre et pur. Les lignes obliques des vitraux suivent le sens de la lumière et le verre « neutre » la diffuse différemment selon l’heure, le temps qu’il fait, la saison…On peut curieusement y voir alors des reflets bleus, jaunes, verts…
De l’extérieur, les vitraux sont visibles à l’identique qu’à l’intérieur, ce que les vitraux « gothiques » ne permettent pas ! Les baguettes de plomb qui tiennent les pièces de verre s’accordent avec le gris du toit de l’abbatiale, l’harmonie est totale, comme dans l’édifice où règne une douce lumière, propice à l’apaisement et au recueillement.
Conques est un village pittoresque, niché dans la verdure, et nous avons parcouru ses jolies ruelles avant un bon déjeuner aveyronnais, avec aligot et arrosé de Marcillac…
Notre dernière étape fut pour le superbe viaduc de Millau, œuvre contemporaine s’il en est, dessiné par Norman Foster, conçu par l’ingénieur Michel Virlogeux et réalisé par le groupe Eiffage en 3 ans (2001-2004). On le découvre depuis un belvédère panoramique sublime, 340 m au-dessus du Tarn, record mondial de hauteur et bol d’air assuré ! Long de 2,5 kms, son esthétique coupe le souffle : tablier fin reposant sur seulement 7 piles élancées et supporté par des haubans qui lui prodigue l’allure d’un voilier. Le centre d’accueil du viaduc est situé dans une ancienne ferme caussenarde qui, outre les produits locaux de l’Aveyron et le restaurant gastronomique Bras, présente une vidéo sur la construction du pont mais aussi un éco-musée sur le site avant le pont.
Je confirme : ce fut un week-end de toute beauté !
Corinne