Le Naturoptère à Sérignan a invité Hélène LE DU à exposer ses travaux autour des champignons à l’occasion du centenaire de la mort de Jean-Henri Fabre. Ainsi, nous avons pu revoir avec plaisir ses aquarelles, encres de coprins et sporées, déjà exposées au musée Requien d’Avignon et pour lesquelles nous avions rencontré Hélène en 2013.
Le 28 novembre, elle nous a plus particulièrement parlé de ses toutes nouvelles recherches sur les pigments ; en effet, après avoir constitué des nuanciers et observé le caractère volatile de certaines espèces (sanguins, lactaires délicieux), elle a pu rencontrer lors d’un congrès en Corse des mycologues norvégiennes et teinturières. La Norvège a déjà près de 50 ans d’expérience dans l’utilisation de champignons teintants, surtout sur la laine, à partir, notamment, des écrits de la spécialiste américaine Myriam Rice. Hélène, qui allie la rigueur scientifique à la poésie de l’artiste, a eu envie d’essayer elle aussi : elle a préparé des décoctions de deux sortes de champignons « pisolithus » et « phaeolus » dans de l’eau de pluie (portée à une température inférieure à 50°C), puis a filtré après avoir laissé macérer une nuit ; elle a ensuite plongé du tissu dans ces filtrats et observé les nuances différentes suivant le tissu employé (soie, shantung, laine) et suivant le mordant utilisé pour fixer la teinture (alun, étain).
Tous ces échantillons de teintures étaient présentés dans des camaïeux de couleurs étonnants, du beige au jaune, au roux, au kaki, voire au violet.Au-delà de ses propres expériences, Hélène a fait connaître d'autre insectes tisserands, tels l'araignée de Madagascar qui produit un fil jaune d'or, ou un papillon du Japon qui se nourrit de feuilles de chêne et donne un fil vert pâle, utilisé pour la confection des kimonos.Nous avons également voyagé dans le temps pour découvrir l’utilisation des champignons dans la marqueterie de luxe...
Nous avons également voyagé dans le temps pour découvrir l’utilisation des champignons dans la marqueterie de luxe : des champignons teintant le bois d’un vert turquoise ont été cultivés par des ébénistes du temps de Marie-Antoinette pour faire du bois de placage !! Enfin, Hélène nous a exposé les dernières recherches scientifiques sur les champignons : .on a découvert que les enzymes des champignons pouvaient digérer certaines grosses molécules de produits toxiques (tel le mazout) et ils pourraient être utilisés dans les lessives… .l’association de certains arbres avec des champignons, dont le mycélium va chercher très profondément l’eau et les micro-éléments nutritifs, permet déjà de résoudre le problème des plantations en zones arides ; c’est le cas de pins au Nigéria, d’arganiers au Maroc et bientôt de jujubiers… (c’est la mycorhization). Hélène a également rendu hommage à Jean-Henri Fabre en lisant quelques lignes des Souvenirs entomologiques sur l’Epeire fasciée et son nid constitué de satins et de soies de couleurs et de finesses variables.
Nous avons conclu cette après-midi passionnante par un verre de vin chaud et la dégustation de produits gourmands issus du miel.
Texte : Yolande – photos : Hélène Le Du
Encres coprins / Soie