Avec son exposition « Émergence », la Maison des Arts Contemporains d’Avignon investira l’Espace du Cloître Saint-Louis à Avignon. Pour cette 28e édition, fidèle à son rôle de révélatrice de talents, l’association met en lumière de jeunes artistes, tous du Sud de la France.
Ils seront cinq à exposer leurs œuvres sur les trois niveaux de ce lieu prestigieux :
Romain Lortal – Toulouse
Pablo Rigault-Béligand – Marseille
Kent Robinson – Marseille
Paul Rousseau – Montpellier
Cyprien Schaffner – Marseille
Romain LORTAL
Oblique
Artiste urbain contemporain
Vit et travaille à Toulouse
De formation universitaire en communication et en arts appliqués, il œuvre depuis plus de vingt ans dans le graffiti et le street art. Aujourd’hui il crée des compositions abstraites issues du courant « post-graffiti ».
Il reconnaît que la recherche minimaliste l’a conduit à affiner son geste. Son travail gagne en fluidité et devient ludique par le dynamisme et le choix des couleurs qu’il propose.
Au fil des années, son travail a évolué, de la bombe au pinceau, des murs aux toiles, avec un style qui s’est affiné. Son travail est une quête de formes et de lignes en mouvement, avec au cœur de l’œuvre, un mot. Un mot qu’on ne lit pas, mais qui sert de point de départ de toutes ses compositions.
Ode anonyme à la célébration du « blase » dans le graff, le tag est devenu forme, la lettre s’est faite courbe pour envisager les formes les plus simples. La signature devient œuvre.
Certains disent qu’en poussant les portes des expositions il est rentré dans le cadre. Mais aujourd’hui il crée aussi bien en petit format qu’en fresque géante, créant ainsi des émotions différentes. Mais qu’on se rassure : Oblique n’a pas vendu son âme, il a juste pris une diagonale…, d’où son pseudo.
Il a à son actif de nombreuses réalisations artistiques à Toulouse et son agglomération : fresques murales, œuvres collectives, travail sur toiles et supports urbains.
Pablo RIGAULT-BÉLIGAND
Photographie
Vit et travaille à Marseille
Après un CAP d’Arts et Techniques du verre, Pablo Rigault-Béligand part en voyage, appareil photo en bandoulière. Il a déjà la photographie et l’art contemporain dans l’objectif. C’est lors de ses itinérances dans le Sud qu’il réalise sa première série de photos abstraites.
Ensuite, une formation de restaurateur de vitraux l’amènera à travailler sur la forme, la couleur, la lumière, le dessin, ce qui nourrira son art photographique. Il s’intéresse de plus en plus à la photographie contemporaine, et particulièrement au mouvement du « Less is more »
Dans la série de clichés qu’il nous propose ici, sa recherche est très graphique et architecturale. Il joue avec les couleurs, les textures, les ombres, les lignes. Tout ceci est très construit.
Il raconte que lors de ses déambulations dans la ville, il est aux aguets, observe et capture le moindre changement de lumière, le moindre frémissement de l’ombre. « J‘aime ces endroits où apparemment rien ne se passe. C’est là que ma sensibilité artistique se développe ».
Aujourd’hui, il conçoit la photographie dans une démarche plus narrative, gardant de ses approches précédentes et de sa pratique du vitrail un certain sens de la composition. Sa recherche photographique actuelle est une étude du territoire de Marseille qu’il entreprend à la manière des psycho-géographes, inspiré par le courant littéraire et artistique des déambulations.
Kent Robinson
Dessin, lettres, calligraphie, vidéo, installations
Vit et travaille à Marseille.
Artiste plasticien, graphiste et sérigraphiste.
Formation à l’École Supérieure d’Arts d’Aix en Provence.
Kent utilise le langage comme matière, la langue comme médium, les gestes et outils d’écriture lui permettant d’illustrer ses idées.
Il exprime son art par le dessin, la vidéo et autres techniques d’impression.
Pour lui, le langage est physique, une matière souple, palpable, utilisable par tous et en toute liberté.
Chaque langue devient universelle quand elle sert à jouer, à composer des poèmes ou à réinventer la grammaire.
Il invente des protocoles d’écriture particuliers, un alphabet hybride et revisite la calligraphie.
Quand il crée des écritures graphiques et des alphabets hybrides - le Cyrillatin par exemple -, c’est toujours au service d’une poésie singulière.
Il joue avec les signes, les lettres, les phrases pour dessiner des paysages célestes : nuages, nuées d’étourneaux, etc.
Dans ses installations comme l’extrait de « Prayers » qu’il nous propose ici, Kent convie le visiteur à découvrir l’intime forme de la prière à travers la langue maternelle de chacun.
A l’automne 2022, il était en résidence en Estonie pour poursuivre ses recherches et échanger sur son travail.
Paul ROUSSEAU
Dessin, volumes, installations
Réside et étudie à Montpellier
Graphiste de formation, aujourd'hui en 5e année aux Beaux-Arts de Montpellier, il poursuit ses recherches à travers plusieurs médiums.
Astérix dans le train est une série (encore en chantier) de dessins au feutre sur bois.
« Il existe maintenant des applications qui dessinent à notre place et qui sont capables de générer des images extrêmement sophistiquées. Elles procèdent en piochant dans des bases de données à partir de l’énoncé descriptif inclue par l’utilisateur. Il m’a semblé intéressant de chercher à faire dysfonctionner ce programme en lui demandant de reproduire un personnage de bande dessinée franco-belge, un style plutôt complexe pour l’application qui ne comprend pas la structure de ce dessin et produit des images presque abstraites.
L’intelligence artificielle possède un standard et préfère nous emmener vers ce qu’elle sait faire. Il m’a donc semblé intéressant de la mettre en crise et de provoquer une ambiguïté. J’ai choisi ensuite de transposer ces images en objets physiques, l’utilisation du feutre permettant d’y ajouter une teinte particulière, l’image semblant commencer à disparaître. »
Cyprien SCHAFFNER
Peinture, sculpture, performances
Vit et travaille à Marseille
Formation à la Villa Arson École Nationale Supérieure d’Art de Nice puis aux Beaux-Arts de Marseille.
Cyprien, très concerné par l’avenir de la planète, se qualifie de « peintre nomade ». Sa démarche artistique est en lien avec la nature. Pour lui « elle est un tout non tranquille qui évolue en permanence et m’offre l’évasion, le rêve et l’inattendu ».
Dans toutes ses réalisations, il veille à utiliser et transformer ce qui se présente à lui dans les lieux et le contexte où il se trouve. Lors de son processus de création, il favorise un retour à la matière brute dans le geste et dans le médium lui-même. Ainsi il se sent au plus près de la réalité de l’environnement qui l’inspire. On peut dire qu’il pratique un art écologique, d’autant plus qu’il peint avec la terre de Provence et d’ailleurs.
« Ma peinture est un retour à la terre ». On ne peut mieux dire puisqu’elle est réalisée in situ, sur de grandes pièces de textiles, avec les moyens que lui offre le paysage : la terre, les végétaux, les pigments, etc. Avec tous ces matériaux, il s’est constitué une gamme de couleurs multiples, de quoi incarner différents horizons. Riche de cette palette, il compose une série de ciels imaginaires ou réels, sortant de l’interprétation pour plonger dans le ressenti et l’émotionnel. De plus, par sa pratique de peintre, il questionne la temporalité que peut avoir une œuvre, car il cherche à capter la lumière naturelle du lieu pour ainsi faire vivre la toile durant un temps donné.